Retour en détail sur un procès mouvementé qui consacre Sony et proscrit le hack

Publié le : 13 juillet 20155 mins de lecture

Les faits

À peine l’année 2011 commencée que le monde underground de la PS3 s’emballe : la team fail0verflow publie les outils pour la réalisation et l’installation sur la console de Sony d’un tout premier custom firmware. Dans la foulée, Geohot fait un retour fracassant sur la scène en publiant sur son site la root key de la PS3. Sony, dépassé, doit alors apporter une réponse forte pour enrayer la vague sans précédent de hacks qui frappe sa console : une semaine après la publication de la « clé maîtresse » sur son site, le géant japonais attaque Geohot en justice.

George Hotz est dès lors poursuivi par Sony Computer Entertainment America pour avoir « contourné les mesures de protection mises en place par SCEA pour protéger la copie d’applications et autres œuvres protégées par droits d’auteurs ». Autrement dit, Geohot est accusé d’avoir ouvert la porte au piratage de jeux sur la PS3.

Le jeune hackeur américain nie ces allégations et estime n’avoir rien fait d’illégal, dans la mesure où toutes les manipulations pour lesquelles il est accusé ont été réalisées sur sa propre PS3, dont il est propriétaire, ce qui induit qu’il peut faire ce qu’il entend avec.

Très vite, Geohot s’érige en porteur international de la cause des hackeurs et fait de son procès un combat collectif, celui de tous les joueurs, pour la défense de leurs droits de consommateurs. Le déroulement du procès, vivement commenté sur la toile, est sujet à maints rebondissements, provoqués aussi bien par les actions de Sony, que par les coups d’éclats réguliers de Geohot.

Les péripéties

Les hackeurs sont souvent décrits comme des personnages discrets, modestes, anonymes derrière des pseudos sur le net, ne signant parfois même pas la publication de leurs travaux. Geohot a littéralement révolutionné cette image. Toujours à la recherche du buzz, provocateur, mais aussi rassembleur, sur les plateaux télévisés comme sur le net, Geohot veut faire parler de lui, et il y parvient.

Déjà en 2007, George Hotz acceptait l’invitation de la CNN pour une interview télévisée au sujet du hack de l’iPhone, il était alors âgé de 17 ans. En 2011, tout juste quelques jours après la plainte déposée par Sony à son égard, il offre une entrevue à la chaîne TV américaine G4, au cours de laquelle il répondra, le sourire aux lèvres, au journaliste qui l’interroge : »Pourquoi êtes-vous poursuivi en justice ?  » « Pour avoir mis en colère Sony ! »

Pendant ce temps là, Sony obtient une première injection temporaire contre Geohot, qui lui interdit la publication sur le net d’informations relatives à la sécurité de la PS3.

Début février, alors que le buzz autour du procès commence à s’apaiser, Geohot refait surface en surprenant tout le monde avec la publication sur Youtube d’une vidéo où il rappe ses déboires contre la firme japonaise. Le clip, visionné plus de 1,5 million de fois, rencontre un franc succès sur la toile. Par la suite, Geohot passe une nouvelle fois à la télévision dans une interview sur la chaîne RT. Deux semaines plus tard, il lance un appel aux dons pour financer ses frais de justice. Une nouvelle fois encore, grand succès, les internautes sont nombreux à offrir leur soutien au hackeur, les dons sont clos deux jours plus tard.

Début mars, nouveau scandale, la Cour autorise Sony à obtenir toutes les adresses IP des visiteurs du site de Geohot. Il en sera de même pour les comptes Twitter et Youtube. Certains dénoncent une atteinte à la vie privée des utilisateurs. Quelques jours après, c’est au tour du compte Paypal (et de toutes transactions qui y sont liées) de George Hotz d’être examiné par Sony. Fin mars, nouvelle provocation de la part de Geohot, qui diffuse une nouvelle photo de lui, vêtu d’un tee-shirt LG, qui se trouve être en procès contre Sony à ce moment-là.

Début avril, les premières attaques du groupe Anonymous frappent les principaux sites Sony, le procès de Geohot apparaît alors de plus en plus comme un fardeau pour la firme japonaise. Le 12 avril, le procès prend fin par un accord établi entre les deux parties, avec notamment une injonction permanente pour Geohot (voir détails page 2).

Les deux parties déclarent être soulagées par la fin de cette procédure judiciaire, Geohot ajoute également « qu’il n’a jamais été dans ses intentions de causer des troubles ou de faciliter le piratage » sur la console de Sony.

Résultat des courses : tout ça pour ça ? Les multiples actions controversées de Sony et le véritable one-man show de Geohot concluent uniquement par un simple accord qui satisfait tout le monde ? Non, la situation est vraisemblablement plus complexe, comme en atteste le discours de Geohot qui change

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